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A boire et à manger
10 juillet 2017

Un dimanche peu ordinaire

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Dimanche peu ordinaire par le cadre : nous sommes dans une ancienne grange rénovée façon "ferme de mon père", animaux en moins. 

Dimanche peu ordinaire par le contexte : c'est LE dimanche de l'année où Olivier R. nous convie à déguster quelques trésors de sa cave. 

Dimanche peu ordinaire par la diversité des personnes présentes qui apprennent à se découvrir au fil du repas.

Dimanche peu ordinaire par nos hôtes : ce sont deux soeurs qui ont créé ce restaurant du Roc du Boeuf. L'une est en cuisine (Angélique), l'autre en salle (Nathalie). 

Et comme vous le lirez, dimanche peu ordinaire par les vins que nous avons bus... 

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Nous démarrons le repas par une assiette de mises en bouche : escargot et sa persillade logé dans une gougère, et bouchées de Saint-Jacques à la coriandre. La persillade riche en saveur correspond bien au goût local (ils en mettent un peu partout, même dans l'andouille), un peu moins au mien. La coriandre est par contre plutôt discrète dans les bouchées.

Evidemment, c'est accompagné par un vin effervescent : la robe est or pâle. Les bulles sont fines nombreuses. Le nez est frais, tonique, sur le beurre, le zeste de citron et la craie mouillée. La bouche est vive, traçante, finement astringente, avec une matière dense, séveuse. Les bulles sont d'une grande discrétion, caressant juste agréablement langue et palais. La finale est puissante, fraîche et très crayeus, bien citronnée.  Lorsqu'on me demande ce que j'en pense, je réponds  : un Chablis avec des (fines)bulles. C'est beaucoup plus un fin de terroir qu'une simple "bulle". On devine un calcaire très affleurant, et en effet, dans ce Champagne Minéral 2008 d'Agrapart, il l'est :

mineral

(photo du site du producteur)

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Nous poursuivons pas une crème de chou-fleur, moules et langoustine fumée. La fleur de bourrache fait un clin d'oeil à l'iode du plat. Evidemment, nous l'accompagnons d'un vin blanc : la robe est  jaune pâle. Le nez évoque d'abord la coquille d'huîtres, la citron, la pierre humide, puis avec l'aération le bourgeon de cassis et le pomelo. La bouche est ronde, ample, plutôt concentrée, mais manquant d'allant et de peps (re-servi un peu plus froid, c'est un peu un mieux). La finale a une fine mâche citronnée, et finit plutôt court. Au nez, ça fait Sauvignon, mais pas en bouche, pas trop. Vin du Sud ? Année chaude ?

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Plutôt la première hypothèse puisqu'il vient de Provence. Il n'a pas l'acidité habituelle des vins de la région  car ce clos Mireille 2014 de Ott contient 70 % de Sémillon et 30 % seulement de Rolle. 

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La deuxième entrée est de la chair de tourteau, courgette et mousse d'avocat, avec un jus de fruits de la passion. Le vin servi maintenant a une robe jaune plus intense et plus dense. Le nez évoque le citron confit, la rhubarbe, puis arrivent des notes terpéniques qui signent un Riesling. La bouche est vive, énergique, avec beaucoup de tension et de fraîcheur, et une matière dense et moelleuse, bien mûre. La finale est concentrée, mêlant amertume et astringente, sur l’agrume confit, le gingembre et la pêche de vigne. Et se conclut longuement sur la citronnelle. Excellent. Difficile de dire s'il est allemand ou français, car on le sent un peu stylistiquement à cheval entre les deux pays... 

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Eh bien, il est allemand. De la région moins connue que l'est le Rheingau. C'est un Riesling 1er cru Hochheimer Domdechaney 2010 de Werner Domdechant

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Allez, une dernière entrée : un foie gras mi-cuit, chutney de mangue verte au gingembre et crunchy au sésame – qui fait qui le plat est est juste extra ! Dans une carafe, Olivier nous amène un dernier "blanc". Enfin, pas vraiment. La robe évoque le cuivre en fusion. Le nez, d'abord sur les fruits secs, le pralin et le toffee,  passe ensuite sur le coing confit et la pomme tapée (ce qui fait que d'abord parti en Espagne, je suis revenu en Loire, car il n'y a que le Chenin qui peut sentir le coing à ce point !). La bouche est pure, tranchante, onctueuse, avec une très grande intensité aromatique. La finale est d'une  fraîcheur limite monstrueuse, très nette, sans lourdeur, sur des notes de mirabelle confite et de pâte de coing. Longueur immense. Superbe vin. Alors, Layon ? Bonnezeaux ? 

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 C'est un Quarts de chaume 1997 du domaine des Beaumard.

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Après ces diverses mises en bouche, nous attaquons pour de bon le repas avec un filet de bar de ligne, compotée de fenouil, aneth et citron confit. Avec de nouveau un blanc sec : la robe est or pâle. Le nez est profond et frais sur l’agrume confit, la pierre chauffée au soleil,  puis arrivent des notes grillées/fumée et méllifères. La bouche à la fois ample et traçante, avec un jus très minéral/caillouteux d'une noble austérité. On sent qu'il en a lourd sous la pédale mais qu'il ne veut pas tout nous dire... La finale est très intense, finement amère, mêlant le citron et le miel. Bon là, tout le monde nage sévère pour trouver une origine, voire un cépage à ce vin. Chardo ? Sauvignon ? 

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Perdu : c'est du Viognier (méconnaissable !). c'est en effet un millésime 2009 du mythique Château Grillet. Première fois que j'en buvais un (merci, Olivier !). Je comprends pourquoi il est une appellation à lui tout seul car il ne ressemble pas du tout à un Condrieu.

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La première et dernière viande de ce repas (oui, on fait Carême en juillet, dans le Limousin) : un tournedos de canard, shii-take, (délicieux!) gratin de pommes de terre, balsamique. Avec les deux seuls rouges du repas. 

Le premier a une robe grenat translucide. Le nez est fin sur la cerise confite, le cèdre et les épices douces,le  moka. Puis arrivent le poivre et le lard fumé. La bouche est ronde, ample, veloutée, d’une grande fraîcheur aromatique,très menthol/cèdre. La finale est très fraîche, intense, poivrée, sans la moindre dureté. Voilà ce ce que devrait être un rouge à maturité : toute la complexité du vieillissement avec encore  la jeunesse du fruit. Magnifique ! Sans hésiter : LE vin du repas ! Ceci dit, j'adore, mais n'ai aucune idée de ce que ça peut être. Je le mettrais bien en Italie...

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Tout faux c'est un  Hermitage Marquise de la Tourette 1985 de Delas

Le second a une robe grenat très sombre. Le nez est assez discret, sur le bois précieux et le girofle, et champignon de couche (ça fait vieux foudre...). La bouche élancée avec une matière charnue et veloutée, mais chaude et alcooleuse. La finale est puissante, chaleureuse, et manque de subtilité. Pas trop fan... Espagnol ?

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Ben non, il est là, l'italien : c'est un Brunello di Montalcino Il Poggione 2006

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En guise de fromage, un mousseux au fromage blanc, ciboulail et green ciboulette. Un peu comme l'escargot du début de repas, c'est beaucoup trop puissant pour mon palais, même si j'ai tout mangé, hein. Il fallait un vin costaud pour résister à cela. Un ultime blanc sec nous est servi : la robe est d'un jaune intense. Le nez est frais, sur des notes de fruit de la passion, d'agrume et de caillou mouillé.  La bouche est pure et rafraîchissante, avec de la densité et de la mineralité. De la rondeur, aussi. La finale fraîche et nette, citronnée et finement beurrée. Muscadet ? Aligoté ? 

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Du tout : Jurançon sec Les Jardins de Babylone 2012  de Dagueneau & Pautrat

On n'est vraiment pas doué...DSCF3984

Le dessert doit bien arriver à un moment donné... et c'est maintenant. C'est une contrefaçon d'une "barre glacée" saveur banane, citron vert et chocolat. Un marteau passe de main en main pour que chaque convive casse la coque extérieure, trop dure pour une petite cuillère. A l'intérieur c'est tendre tout en étant bien frais. La frécinette poêlée contraste agréablement. Une fin des plus agréable. Allez un dernier vin, liquoreux évidemment. La robe est d'un jaune doré intense. Le nez évoque l'orange confite, les fruits exotiques, le citron vert, l'orange amère. La bouche est très fraîche, mais charnue, dense, limite onctueuse, avec une grande acidité. La finale est nette, tonique, au sucre discret, avec un joli duo acide/amer. Difficile de le localiser ou de reconnaître le cépage, mais c'est excellent ! 

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C'est un Moscato de siracusa "solacium" 2009 de  Pupillo. C'est une vendange tardive sans mutage (90 g/l de sucres). Ce qui explique la fraîcheur et la "non sensation" d'alcool, même s'il fait 14.5 %. 

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Eh bien voilà, c'est déjà fini ! Merci à Olivier pour ce beau moment de gastronomie et à l'équipe du restaurant pour sa gentille et sa bonne humeur. Et à tous les autres pour ce beau moment de partage ! Vivement l'année prochaine... 

__________________________

Le Roc du Boeuf , le moulin de la côte, 87600 Rochechouart

Tél : 05 55 03 61 75

Commentaires
M
Tu m'étonnes que ce côte de Provence sot bon ! Avec un tel prénom... La photo du bar (nous, on dit "loup") est superbe.
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Quand deux passions se rejoignent pour n'en faire qu'une: la gastronomie
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